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Des entreprises tentées par des baisses de salaires pour éviter les licenciements

De plus en plus d’entreprises négocient des accords de performance collective (APC) pour s’adapter à la crise.
02/06/2020
Pour les entreprises, le moyen d’éviter un coûteux PSE

Pour les entreprises, le moyen d’éviter un coûteux PSEDepuis avril, les cabinets voient fleurir ce type de deal. « Il y a de plus en plus de demandes dans le cadre de plan d’économies », observe Marie Bouny, directrice du département performance sociale au cabinet LHH. Pour compenser la baisse d’activité et adapter leurs effectifs, les directions redécouvrent les accords de performance collective (APC). Hier baptisés accords de compétitivité ou de maintien dans l’emploi, ils ont été reliftés en 2017 par les ordonnances travail. A peine 300 ont été signés depuis. Leur but reste le même : flexibiliser le travail pour passer un cap difficile ou damer le pion à la concurrence.

Vaut-il mieux un PSE bien bordé et conditionné dans le temps plutôt qu’un APC sans limite qui entérine une baisse des salaires ?

En échange d’une hausse du temps de travail, d’une baisse des salaires, d’un renoncement à certaines primes ou jours de congé sans contrepartie, l’entreprise s’engage à ne pas licencier ou moins que prévu. Avantage : elle s’épargne un coûteux plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Inconvénient : elle déterre la hache de guerre. Car cette souplesse bienvenue pour elle l’est nettement moins pour les salariés, qui ont l’impression d’être pris en otages et de subir un chantage à l’emploi.

Des entreprises tentées par des baisses de salaires pour éviter les licenciements

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L’APC, ça passe ou ça casse, reconnaît Marie Bouny. C’est un outil qui ne va pas de soi, les DRH doivent convaincre leur direction et les représentants du personnel. » Dans les entreprises où la défiance est forte et le dialogue social compliqué, les négociations durent encore plus longtemps qu’avec un PSE. Les syndicats se méfient des belles promesses non tenues.

Les salariés « n’ont pas à payer l’addition de cette épidémie »

Les précédents Bosch, Smart, Continental, Peugeot Cycles, où les sacrifices consentis n’ont pas empêché les usines de baisser le rideau, les ont confortés dans leur réticence à signer les yeux fermés. « Vaut-il mieux un PSE bien bordé et conditionné dans le temps plutôt qu’un APC sans limite et qui entérine une baisse des salaires ? s’interroge Gabriel Artero, président de la CFE-CDG Métallurgie. Ces accords ne sont pas simples à défendre car souvent ils se font sous la contrainte ».

Pour aider ses militants de plus en plus confrontés à ces tourments, le syndicaliste prépare une comparaison des différents outils de flexibilité. « Il faut éviter d’accepter n’importe quoi », prévient-il. Même si les APC peuvent contenir une clause de revoyure avec retour à meilleure fortune, les centrales redoutent d’y laisser des plumes et de devoir gérer ensuite le mécontentement de salariés qui se sentiraient bernés. « On est là pour défendre les acquis sociaux, pas pour les brader, clame Frédéric Sanchez, secrétaire général de la CGT Métallurgie. Tout ce qui apparaît comme un recul, on le refuse. Les salariés n’ont pas à payer l’addition de cetteépidémie. « Délocalisation ou passage aux 40 heures, la partie est loin d’être gagnée