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Après la crise sanitaire : l’entreprise au centre du développement durable

La crise sanitaire apporte la preuve de l’importance des enjeux environnementaux et du risque encouru si les comportements ne se modifient pas. Citoyens, pouvoirs publics, organisations syndicales, ont pris conscience de la nécessité de leur implication. Sans attendre de nouvelles négociations et normes internationales, l’entreprise peut devenir le centre d’actions de proximité, engagées collectivement. Le dialogue social en sera enrichi. Et l’entreprise fera émerger de nouveaux leviers de croissance et de compétitivité.
13/05/2021
Clémence Garrigue, Directrice de projet Performance sociale chez LHH

Sans même regarder les vidéos d’animaux sauvages circulant dans les cœurs de ville du monde entier, les bénéfices du confinement sur l’environnement sont incontestables : selon les calculs du Haut conseil pour le climat (HCC), les gaz à effet de serre se sont réduits de 30 %. Une bonne nouvelle, même si on la doit à une crise sanitaire qui nous alerte à la fois sur ses causes et sur les risques que nous prenons pour notre avenir.

Ces résultats sont évidemment conjoncturels et beaucoup de responsables des questions climatiques craignent un rebond, voire une aggravation. Certains économistes ou politiques recommandent déjà de laisser de côté des normes acquises avec peine, par de longues négociations. En réaction, le HCC a émis des recommandations pour une politique de soutien aux entreprises, conditionnée aux efforts de transition énergétique. Le gouvernement a déjà annoncé que son soutien à Air France dépendrait de son engagement écologique. Plus de quatre-vingt-dixdirigeants d’entreprises françaises et internationales ont appelé dans une tribune au « Monde » à « Mettre l’environnement au cœur de la reprise économique ».

Et si l’entreprise devenait le bon échelon pour faire avancer les chantiers environnementaux ? Salariés, organisations syndicales et pouvoirs publics semblent y être favorables. L’entreprise, en s’impliquant, aurait beaucoup à y gagner.

Réconcilier le citoyen avec le salarié

En septembre 2019, l’environnement est entré dans le top 3 des inquiétudes des Français. Le réchauffement climatique est devenu leur première préoccupation dans un sondage de décembre dernier. Les enjeux écologiques rejoignent les aspirations sociétales, de façon croissante. L’actuelle crise sanitaire va accélérer cette prise de conscience individuelle et collective. Pourtant, si chacun ressent la pression exercée sur ses actes quotidiens et domestiques, cette implication rencontre peu d’échos dans la vie du salarié. Quand elle ne crée pas de conflit de valeur. La responsabilité s’arrête-t-elle aux portes de l’entreprise ?

Les organisations syndicales se saisissent également du sujet, liant enjeux sociaux et environnementaux. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a lancé avec Nicolas Hulot, en 2019, un pacte social et écologique. Il déplore de n’avoir pas été réellement entendu sur cette double ambition. De son côté, Philippe Martinez, secrétaire général de CGT, a déclaré à l’automne 2019, être favorable au traitement parallèle de l’urgence sociale et climatique.

Les évolutions législatives modifient la nature et l’objet mêmes des entreprises. La loi Pacte de mai 2019 a introduit l’intérêt général et la responsabilité sociale et environnementale dans le droit des sociétés. Ces enjeux doivent être pris en compte dans la gestion de toutes les entreprises. Ils peuvent être introduits dans ses statuts, jusqu’à la transformer en une « société à mission ». L’entreprise ne se cantonne plus à un objectif lucratif.

Salariés, organisations syndicales, pouvoirs publics convergent. La nature de la crise traversée et les risques associés à l’inaction vont accentuer l’exigence et la nécessité de bouger. L’entreprise peut se saisir de l’opportunité qui lui est offerte de réconcilier le citoyen avec le salarié. Elle peut être le centre d’une action collective de proximité : autour d’un enjeu clé, des débats et un partage des attentes du corps social, une démultiplication des actions engagées, ne peuvent que favoriser l’engagement et la cohésion sociale. La connaissance des métiers favorise l’innovation et la responsabilité, en les ancrant dans le quotidien des salariés.

Une recherche de sens

Le dialogue social sera, sur ces questions, créateur de valeur. Les enjeux écologiques concernent tous les domaines : l’organisation, les activités et métiers, l’environnement et les conditions de travail… Un dialogue social enrichi, associant largement le corps social, contribuera à réduire les risques, accroître les compétences, valoriser les métiers, créer une dynamique collective en s’ouvrant vers l’extérieur…

Loin d’être un sacrifice, l’implication dans le développement durable apporte de nombreux bénéfices aux entreprises. De nouveaux leviers de croissance et de compétitivité émergent : en s’affirmant comme un acteur éthiquement responsable, en développant des filières éco-responsables, en réponse aux attentes croissantes des consommateurs et des donneurs d’ordre. Avant que la concurrence ne s’impose dans ces domaines.

A l’heure où l’engagement des salariés, et notamment des jeunes, passe par une recherche de sens, plus que de performance économique, l’entreprise responsable valorise son image et accroît son attractivité. Aujourd’hui, les preuves que les entreprises apportent de la réalité de leurs actions sont scrutées, à l’extérieur comme par ses salariés. Et on peut parier que le « monde d’après » imposera une transparence et une éthique nouvelles.